jeudi 4 mars 2010

La révolution Senoussia et les Français

En 1910, Djanet et le Kel Djanet
Les 7 et 27 Janvier, jonction pacifique franco-turque à Djanet. Puis en Admer, elles sont suivies d’un nouvel incident à Tarat et de l’évacuation de Djanet par les Turcs en Avril.

Dans le rapport, le colonel La Perrine discutant du tracé de la frontière écrit que le défilé d’Assakao a une importance capitale. Il donne passage à la seule route par laquelle des chameaux chargés peuvent brouter sur le Tassili, dans la région de Djanet. Ce défilé doit appartenir à la puissance à laquelle on attribut Djanet.
Si Djanet est aux Turcs, Assakao est la seule voie de Ghat à Djanet pour les animaux de bât et les méharistes. Si Djanet est française, Assakao est le seul passage des routes directes Djanet Tarat Polignac.

Le 24 Novembre sont réunis à Admer le groupe de l’Ahaggar, cinquante-cinq méharistes commandés par le lieutenant Sigonney, le groupe Ajjer, quatre-vingt méharistes. Une pièce de 80mm de montagne, le médecin Aide Major en personne est venu de Ahaggar, les Sahariens sont encadrés par les maréchaux des logis bannéres et Verner, les brigadiers Morel Deconclois, La Pierre le Canonnier Milaud. Le capitaine Charlet prend le commandement de l’ensemble.
Le 25, la colonie prend la direction de Djanet. ET notre situation, nous le Kel Djanet, c’est-à-dire le Ksorien, nous sommes comme une brebis placée entre deux chacals.
Le 26 au soir, elle campe dans l’oued Assakao, à 25km à l’ouest de l’oasis.
Le 27, le brigadier indigène et le méhariste Khadja Mohamed Ben Nacer devançant la colonie, entrent à Djanet en annonçant la paix.
La surprise des Ksouriens est grande. Ils font bon accueil aux héros d’armes et même se déclarent heureux de l’occupation française. La colonie s’avance. Le lieutenant Sigonney monte hisser le drapeau français sur Zaouia.
Le capitaine reçoit bientôt les notables. L’occupation a lieu suivant les instructions du gouvernement, sans violence et sans bruit.
La Zaouia de Djanet juchée sur son mamelon parait admirablement placée pour y loger la garnison.
On conserve à Djanet, l’organisation existante. Chacun de trois Ksour est administré par un Kebir. Les Kibard reconnus par l’autorité française sont :
Mouloud Ag Engakhi pour Zellouaz
Mokhtar Ag Mohamed pour El Mihan
El Hassen pour Ag Mohamed Adouk Kel

D’après DuBief
Djanet est occupée le 28 Novembre 1911 par le capitaine Charles
Le 3 Décembre, le camp est transféré dans le Zaouia Senoussia, appelé fort Charles
1912, les Français consolident leur occupation de Djanet, malgré certaines oppositions locales, notament celles du Kbir Adjahil, favorable aux Turcs Senoussia. El Hassen Ag Mohamed Doukkel est condamné et exécuté par le lieutenant Ardaillon et 10 Goum

En Janvier 1913, un rassemblement hostile aux Français se forme à Ghat sous l’influence d’Ingadazen. C’est l’année de Esseyen.
Le 8 Avril, le lieutenant Gardel occupe Esseyen à 45km au sud de Ghat (d’apèrs le commandant Garel) pour assurer la défense mobile de Djanet.
Les 10 et 11 Avril, il livre un combat glorieux contre le Mahalla de Sultan Amand. Au cours de cet engagement, le lieutenant Garel envoie un message au capitaine Charles. Si vous ne nous secourez pas immédiatement, nous sommes foutus. Tous les chameaux sont morts. Boubachba et Ali grièvement blessés, Islamen et Abidin tués. Nombreux blessés, belle conduite des hommes, 150 fusils tir rapide. Adieu.
Et du côté de El Moudjahidin, Ingadazen. Il est fanatique senousite, Ag Ahmed Driss, par tradition orale. Grièvement blessée, demi frère d’Ahmed tué, Barka Ag Klabou tué, Matekou Ag Ouik tué.


En 1914, quelques combats ont lieu entre les dissidents Senouassia et les Français, tel celui de l’oued M’Chird le 15 Juillet 1915 (d’après Dubief).
Kaimakam correspond au titre turc de sous préfet. Monteçaraf, à celui de préfet.
En 1916, c’est le soulèvement, la révolte, la rébellion contre les Français (Awetai wan Djanet).
Le 27 Février, la Mahalla senoussite commandée par Amoud et Abdesselem.
D’après Raymond Lacroze, le siège de Djanet est tenu par le cheik Abdesselem, un tripolitain qui avait acquis une solide réputation militaire en guerroyant contre les Italiens. Il reçut de la Senoussia, le commandement d’un Méhalla formé à Ghat au début des années 1916. Il avait comme adjoint, le sultan Amoud dont nous n’avions jamais pu obtenir la soumission et qui fut le véritable instigateur de la révolte. Le Senoussia avant trouvé en lui un chef politique, comme elle avait trouvé un chef militaire. Le siège et la prise de Djanet sont un des épisodes marquant de cette époque trouble. Pendant dix-huit jours, quarante et un Saharien, commandés par deux braves ; le maréchal Des Logis Lapierre et le brigadier Buc.


A Djanet, on dirait que tout dort et pourtant, dans les ruelles, dévalant en tout sens de la crête sur laquelle est bâti le village, passent des ombres. Elles se dirigent toutes vers une maison perchée sur un monticule. Un éclair brille sur un canon de fusil, des chuchotements étouffés courent de porte en porte, de ruelle en ruelle. Que se passe-t-il donc ce soir à Zellouaz ? Il y a là Ibrahim Ag Amatal, chef du village, Akhamouk Ag Jokari, marabout de la Senoussia, Aflam Ag Salem, militaire de la garnison du poste, Mia une fille du village d’Adjahil et quelques Touaregs. Entre le caid et Mia, un étranger du pays venu de Ghat. Il a vu de ses yeux le Malla de la grande Senoussia. A 3heures, un Goumia retardataire, pris de remords, prévient le chef de poste en disant que les dissidents sont dans le village avec Cheik et Amoud, ils m’ont proposé de passer avec eux. J’ai vu distribuer des armes à El Mihan et Zellouaz. Le 8 Mars, après une nuit pleine d’angoisse, le combat reprend vers 11heures. Un obus éclate. Après 10 jours, c’est la chute du fort Charles. Ce n’est plus maintenant qu’une question d’heures. La situation est désespérée. Les hommes ont atteint la limite de leur résistance.

D’après le père Foucault, le 12 Décembre 1916. Les circonstances de sa mort sont vite connues. Des Senoussistes conduits par Ebba Ag Rabelli arrivent à Tamanrasset, après avoir dévasté plusieurs villages alentour. Un cultivateur originaire Djanet ElMadani, bien connu du père Foucault, se fait ouvrir les portes du Bordj. Le père est saisi, ligoté et gardé par un jeune Kel Ajjer. Il se nomme Sermi Ag Tora. C’est lui qui va tuer le père Foucault. Six ans plus tard en 1922, Sermi est connu à Djanet et tué par Esseyen.


Siège de Djanet. La journé du 24 Mars passe, lente, atroce. La Pierre décide qu’une nouvelle tentative sera faite dans la nuit. Si elle échoue, la garnison hissera le drapeau blanc. Le 25 au matin, le drapeau qui flotte sur la tour de guet depuis dix-huit jours et dix-huit jours et dix-huit nuits est descendu. Le 1e Avril, le brigadier Buc et les blessés arrivent. Ils ont été cernés vers Didar et pris sans résistance, alors qu’ils tentaient, suivant l’ordre reçu, une retraite sur fort Polignac. Emmenés en captivité à Ghat, avec leurs hommes, La Pierre et Buc furent séparés d’eux et dirigés sur Kaufra, capitale Senoussia.
Buc meurt de privation. Seul survivant, La Pierre rentra en France en 1919, il reçut en récompense de son héroïque défense, la croix de la légion d’honneur.
Ainsi finit l’histoire de la petite garnison de fort Charles, Djanet.

1919, le 10 Novembre, à la suite d’une protestation Italienne et pour laisser en suspens la question des frontières. Celle-ci sera réglée par l’accord franco-italien.

Durant plusieurs mois , par les troupes de Kaoussen, et ne pourra être délivrée qu’après de multiples combats, la dissidence n’épargne pas le Hoggar, malgré la fidélité de Moussa Ag Amastur et la rébellion va s’étendre en 1916 et en 1917, jusqu’au tedikeb In Salah. Cependant, le général Lapirrine pourra faire sans incident, la tournée a Tombouctou, dont il est question dans le dernier chapitre. De Novembre 1917 à Avril 1918, Djanet reprend fort Charles, mais le quitte aussitôt comme avait fait le colonne Mynier et pendant deux années encore, Slutan Amand continuera les harcèlements sur les postes et les convois, jusqu’à l’attaque de fort Polignac en 1920. Pour en finir, une nouvelle colonne est formée par le commandant Sigonny et récupère fort Charles Djanet. En Juillet, une semaine plus tard, le Moudjahidin de Sultan Amand est défaite à Assakao en 1920 au Nord de Djanet.
Le combat d’Assakao est de Tafellalet en 1920 mirnet un terme à la lutte active. Boubaker Ag Elaguille DUT entamer en 1921 des pourparlers de la paix avec le commandement français. Boubaker restait finalement le maître de Ghat.
En 1924, création de l’annexe des Ajjers en juin, territoire français (d’après Gardel Jean Dubief)

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