vendredi 26 mars 2010

Définition du palmier

En langue Touareg, deux mots servent à designer le palmier suivant qu’il s’agit d’un palmier mâle ou d’un palmier femelle.
Palmier mâle : Ag Endis, substantif masculin pluriel ig Endas
Palmier femelle : Tazzdart, pluriel Tizdain

Appellation du palmier au fur et à mesure de sa croissance :
Le plant du palmier rejeton coupé, transplanté qui n’a pas encore commencé à pousser s’appelle ElKoum (pluriel : Ilkemen)
Dès que le plant commence à pousser : Telkemt (pl Tilkemen)
Lorsque le palmier a atteint une hauteur telle qu’un homme normal, parvienne debout, aux régimes Afukerir (pl Ifukariren)
Et enfin, lorsqu’il atteint sa hauteur maximum, qu’il est très vieux, et qu’on peut le couper pour faire des poutres de son tronc.

Description du palmier extérieurement
Bas du palmier : tédélé
Racine du palmier :éken ntezdait (pl ikewen)
Tronc du palmier : tedele n tazdait (pl tideliwen)
Morceaux d’écorce du dattier : tafudeq (pl tifuderin)
Asan : collectif sans nom d’unité : pluriel de diversité isnen : bourre du palmier
Keru (pl keruten) : pousse qui naît à l’endroit du tronc.
Le tronc du palmier a été au niveau du cœur pour donner : iladjebi
Afledda (pl ifeg g agen nlazdat) : poutre provenant d’un tronc de palmier coupé en quatre suivant sa longueur servent généralement à la construction des toits ou de terrasses
Takarart (pl tikararen) : palme branche de palmier coupées ou non, fraîche ou sèche, garnie ou dépouillées de ses folioles
Abinzeg (pl ibinzegen) : désigne une palme sélectionnée mais adhérent encore au palmier
Tebiden (pl tibidenin) : palme sèche adhérent au palmier
Takula (pl tikulanin) : foliole de palme ouvert et flexible
Tirdi (pl tirdiwin) : épines situées à la base de la palme
Ul n’tazadait (pl Ulawen) cœur du palmier
Takrida : couverture
Agum : collectif sans nom d’unité et sans pluriel : folioles du cœur du palmier
Taba n tazadait : sorte de petit fétu de paille de couleur rouge qui pousse constamment dans le cœur du palmier et que le vent emporte au fur et à mesure de sa croissance

Le palmier intérieurement
Ag ruz (pl igruzen) : couche de chair blanche située au centre du tronc au niveau du cœur et dont les indigènes sont très friands
Tasara (pl tisarawin) : couche de chair de couleur jaune, située immédiatement au dessous de la précédente et dont les indigènes sont également très friands
Abnas : collectifs sans noms d’unité (pl de diversité abnasen) : fibres centrales et tendres du palmiers situées entre la couche précédente tasara et le tronc tedele
Ilagbi (pl ilag biten) : sève du palmier que les indigènes récupèrent de temps à autre pour avoir du lagmi.

Le régime de dattes
Différentes appellations au fur et à mesure de la croissance du régime :
Ag atu : nom d’unité collectif (pl de diversité ig etu ten igta)
Régime qui commence à sortir du cœur du palmier, signifie aussi fleur du palmier mâle qui sert à féconder le palmier femelle takrida couvert de régime qui commence à sortir.
Eg iwa (pli g iwan) régime normal

La datte :
Yakezza (pl Tikezzawin) : datte qui commence à bourgeonner après le régime, grosseur d’un grain de mil
Ag Ingen : nom d’unité collectif (pl de diversité : ig ingenen) : datte encore verte dont le noyau commence à sa former
Tirghe (pl tirghwin) : datte non mûre mais déjà formée et de couleur bouton d’or fraîche ou desséchée avant maturité et gardant cette couleur
Uglaz (pl uglazen) : datte qui commence à mûrir qui est en partie mûre, vers le pédoncule, datte de couleur d’or à l’extrémité et couleur jaune foncé virant au rouge du côté du pédoncule
Amelala (pl imalalaten) : datte parvenue à quelques jours de sa maturité complète, datte de couleur rose clair.
Ag eggar (pli g eggaren) : datte mûre, prête à manger
Teine: collectif sans nom d’unité (pl de diversité teiwin): datte en général, dattes quelconques, en quantité indéterminée, entière ou cassées, fraîches ou sèches
Tada singulier sans pluriel : dattes sans noyau, datte mal conformée, dépourvue de noyau, général de datte de palmier, mal fécondé
Alawas : nom d’unité collectif (pl de diversité : ilawasen) : datte desséchée avant maturité

La palmeraie

L’oasis de Djanet possède une palmeraie assez vaste. C’est la 2e des oasis après celle de Ouargla. Située dans l’oued Edjeriou, elle comprend 23 120 palmiers partagés de la manière suivante (recensement de 1944) :
10 812 pour le village de El Mihan
7 167 pour le village d’Azellouaz
5 241 pour le village d’Adjahil
L’étude qui suit indique des 163 noms qui ont reçu les palmiers des 3 villages. Il faut considérer les 163 noms comme 163 catégories.
Azellouaz est le village dont la nappe d’eau est la plus éloignée de la surface du sol
De toute façon, on verra aussi que 2 catégories de dattes sont récoltées aux mois de Juin, Juillet et Août.
17 catégories sont récoltées au mois de Juin
17 catégories sont récoltées au mois de Juillet et Août
31 catégories sont récoltées au mois d’Août et Septembre
10 catégories sont récoltées début Septembre
75 catégories sont récoltées fin Septembre
3 catégories sont récoltées en Octobre
1 est récoltée en Décembre, début Janvier

Kel Djanet et les puits traditionnels
Autrefois, les puits étaient creusés à la main
Avant, on met les roues branches de tamaris pousiuvulatta (Azouna), et des fibres de palmier, une roue, une couche d’argile et de pierres, on suit la nappe sur 3 ou 4 mètres. Mais aujourd’hui, il faut descendre jusqu’à 7 mètres. L’eau se fait plus rare. Dans les années 70, on trouvait l’eau à 1 mètre de profondeur. Autrefois, un bœuf est utilisé pour extraire l’eau. L’eau est ensuite stockée dans un bassin puis redistribuée dans les parties cultivées. Carrés de culture en cuvette, conduites creusées à la binette, pas de mertelière. Tout se fait à la binette. On dirige l’eau en ouvrant les conduits vers tel ou tel carré pour le remplir, ce qui implique que le jardin doit être conçu en étudiant la terre. La terre est très fragile et peu fertile. Mélange d’argile et de sable. Le peu de couvert végétal et les épluchures de légumes sont souvent attribués aux animaux, chèvre et quelque fois moutons.

Recensement des palmiers de Djanet
D’après Lacroz : 1911, 17 500 palmiers
D’après capitain G Sigurath : 1944, 23 120 palmiers
1962 : 30 000 palmiers
1974 : 57 000 palmiers
5km à l’ombre desquels sont placées les cultures.
Tin Mezaradj (la palmeraie), c’est-à-dire le lieu plante de palmiers à Djanet.
Distance des intervalles de la palmeraie :
Titalen à Tag Lassouf : 5790m
Effaq à Dambanza 1790m

Dans les jardins de Djanet
Les Kel Djanet, les cultivateurs sous les palmiers, on cultive les céréales (orge, blé) et différents légumes (pois, lentilles et aussi petits haricots Tadellaq).
L’orge et le blé, petits pois et lentilles se sèment à l’automne et se récoltent en mars avril.
Mais haricots bruns, au goût assez agréable Tadellaq sont semés de mai à mai, récolte en octobre.
Les légumes partagent le spotagers les plus cultivés dont la tomate, l’oignon, le navet, les potirons, courgette, pastèque et pimet. Le tabac, choux, radis, fèves, persil, cerfeuil, osielle, cresson, carottes, aubergnes, asperges, melon. La vigne pousse et donne un raisin petit et très sucré.

Les maladies du palmier
Deux maladies affectent les palmiers de l’oasis de Djanet.
Le Turna Ntzedait : la maladie du palmier, c’est le plaontario blanchardin, insecte de couleur blanche à carapace calcaire qui se fixe au bas des folioles des palmiers et le recouvre entièrement. Cette maladie est sans gravité car cet insecte est détruit par le cybocéphalus de couleur noire qui troue la carapace du parlontario et le tue. Ni la croissance, ni la production des palmiers ne sont amoindries par cette maladie.
On doit aussi soigner les palmiers quand ils sont malades. Parfois, on brûle un palmier en mauvaise santé afin qu’il redevienne bien vert.

Nombre de catégories de dattes mangées toujours fraîches : 16
Nombre de catégories de dattes mangées fraîches ou pilées : 53
Nombre de catégories de dattes mangées toujours pilées : 92
Excellentes : 23
- mangées toujours fraîches 16
- mangées toujours pilées 7
Bonnes : 51
- mangées toujours fraîches ou pilées 38
- mangées toujours pilées 13
Moyennes : 36
- mangées toujours fraîches ou pilées 7
- mangées toujours pilées 29
Mauvaises : 50
- mangées toujours pilées 50

D’après le lieutenant Gardel : 1911-1912, la ville de Djanet est une oasis.
Les palmiers produisant essentiellement des dattes 17 500
Presque tous les lieux cultivés
On compte 196 figuiers
273 pieds de vigne sur treille
1044 pêchers
2 pommiers
1 grenadier
Oranger et citronniers n’existent pas.

Que pousse dans les jardins de Djanet : les cultures d’oasis
Le palmier dont tout est utilisé. La sève pour le vin de palme, les fibres pour le cordage, les palmes pour les clayonnages de Zeribas Tekabart, le tronc pour les linteaux.

Héritage, propriété collective

Djanet, c’est la terre, le vieux jardin
Chez le Kel Djanet, la femme représente la terre, l’homme représente l’eau.
La femme hérite de la terre et transmet à sa fille.
L’homme présente la force et il transmet à son fils. Il irrigue, féconde la terre en l’irriguant et produit une récolte. Il féconde la femme, il féconde le palmier et donne une progéniture qui ne se réclame pas de lui, il est chargé des affaires par la femme.

Autrefois, le Kel Djanet : les tribus d’agriculteurs.
Ils s’occupent eux-mêmes de leurs cultures dans tous les cas de jardins. Comme les maisons appartiennent aux femmes, c’est la fille aînée de la famille qui l’obtient par héritage. Bien entendu, l’époux d’une femme propriétaire du jardin peut l’exploiter. Mais en cas de divorce, il devra l’abandonner. Une femme propriétaire peut confier un lopin de terre a quelqu’un pour lui rendre service. Mais il n’en a pas la propriété. Il y a cependant des cas exceptionnels. Par exemple, un jardin confié à un homme par une femme sans héritière. La vieille femme, avant sa mort peut lui donner à sa mort. De la vieille femme, l’homme continuera à exploiter. Si une femme hérite d’un jardin qu’elle ne veut pas exploiter, elle le confie généralement à ses frères, mais le jardin sera donné en héritage à sa fille, lorsqu’il sera disponible. On ne délogera pas celui qui a commencé à le travailler. Tous les accords reposant sur la parole donnée. Certains actes de propriété ont été inscrits autrefois sur des peaux, mais pas de manière systématique. Depuis une dizaine d’années, l’état semble avoir la volonté de porter par écrit les actes de propriété. Les agriculteurs pouvant aller se présenter à la direction de l’agriculture.

Kel Djanet et les impôts, Djanet actuel

Le pauvre Kel Djanet et les impôts
Kel Djanet : le véritable tyran est sans doute Goma cet homme impitoyable
Kel Djanet payaient les impôts et les serviteurs, la souffrance.
Kel Djanet, les Ksouriens, il asservit même les nobles, son autorité sut tout le monde et les vassaux, c’est le détracteur numéro 1.
Kel Djanet payaient les impôts également aux autres tribus parasites, comme Ouraghen. Ce sont eux qui commandent Ajjer.
Kel Djanet et les Turcs payaient les impôts.
Kel Djanet et les Senoussia : S’ajoute les impôts prélevés par Zaouria Senousite.
Kel Djanet et la France : La population originaire de Djanet faisait des travaux forcés et corvées, et subissait une ségrégation systématique et raciale, après une longue période de colonisation.
Kel Djanet et l’Algérie : en 1962, au moment de l’indépendance de l’Algérie, le premier responsable du FLN fit un discours devant tout le monde, devant le rassemblement général de la population sédentaire. Il a commencé son discours en prononçant des mots qui blessent l’orgueil, responsable, il est bien précisé, le voilà, approchez vous, le couscous est prêt. Tout le peuple applaudit.
Réponse : « Responsable le lion », le peuple « un troupeau est malade par le plus grand lion blessé ».

La république Algérienne démocratique et populaire
Djanet dans les années 60-70-80 : inspiration sociale : la révolution agraire, expansion, dévéloppement et agrandissement de la ville, des maisons à Aghoume et Zellouaz, sous les noms de Tachronna. Aussi au centre ville, la banque, la mairie, l’hôpital, construit en 1956 par la république française. L’ancien marché est exposé pour les ventes, étendu sur une plus grand surface, et toutes sortes de légumes. La plupart des vendeurs sont des cultivateurs de Djanet et toutes les boucheries. Ainsi les Touaregs.
Djanet dans les années 90 à 2008-2009 :mais aujourd’hui, les projets d’état sont partout. De Ifri jusqu’à Zellouaz, les logements en construction. Un hôpital à Ifri, construit en 1986.
Tadja Akal, le souk n’est plus à l’air libre, il est couvert. Et dans l’attente d’un souk en dur, là, comme un bidon ville, il se déplace de quelques longueurs dans un périmètre délimité par un solide mur de pierres. Marchands ambulants, marché aux chameaux, chèvres, moutons et des magasins d’équipements, de vêtements…. Et les boutiques d’alimentation.
Mais une remarque, c’est un phénomène, sur toutes les terrasses des maisons des champignons ont poussé, mais ce sont des végétaux sans fleurs… des paraboles.

Je dis et k’écris ce que je vois, ce que je sais, ce qui est vrai. Je ne vous souhaite que du bien, à tout le monde à Djanet. Mais aujourd’hui, vraiment, on a perdu la fierté et l’orgueil Touareg.
Nous, c'est-à-dire la deuxième et troisième génération, nous n’avions pas confiance en nous-même. Nous avions quelque peu honte de nous-même. Il faut nous débarrasser du complexe envers notre culture, et notre culture, et les coutumes, et la tradition de notre peuple ou de notre société primitive. Vous savez bien mieux que moi que vous présentez le temps très reculé. Vous présentez tous les périodes de l’histoire correspondant aux plus anciennes civilisations, les objets d’art de l’antiquité, l’art de la peinture et gravures, et la langue tamahaq n’était plus considérée comme un moyen de développement.
Personne ne peut dire quel temps il fera demain, quel sera le futur. Mais dans notre société ou l’on cherche à modifier les choses, nous sommes trop pressés et étourdis de toute apparence. D’après ce que l’on sait, ainsi la civilisation ne peut plus être traditionnelle, parce que les ressors sont brisés, mais comment prendre le virage de la modernité ?
Il est vrai que le complexe d’infériorité dont nous souffrons mine sournoisement et risque de faire de nous des illustrations. Il faut que nous cherchions une autre manière de vivre, parce qu’aujourd’hui, le climat n’est pas comme avant. La connaissance appelée la valeur, plus que l’argent. Je vous demande de combattre comme des loups, ou comme des chacals qui chaque fois qu’ils frappent s’enfuient et de nouveau reviennent encore.
Attention, message aux intellectuels de Djanet, ainsi qu’aux étudiants qui fréquentent les cours des universités. Notre histoire est orale, elle se transmet de bouche à oreilles, et aisni, ce sont les autres qui l’ont écrite, jusqu’à nos jours.
Il faut développer un système de résistance aux mauvais traitements, le dialogue fraternel autour d’un problème issu d enotre histoire ou nos cultures ou la société. Sinon, nous nous condamnons par la plus grand ennemi, l’ignorance. Sinon, nos cultures et traditions, les coutumes sont condamnées à disparaître dans le silence.
A votre choix.

jeudi 4 mars 2010

La révolution Senoussia et les Français

En 1910, Djanet et le Kel Djanet
Les 7 et 27 Janvier, jonction pacifique franco-turque à Djanet. Puis en Admer, elles sont suivies d’un nouvel incident à Tarat et de l’évacuation de Djanet par les Turcs en Avril.

Dans le rapport, le colonel La Perrine discutant du tracé de la frontière écrit que le défilé d’Assakao a une importance capitale. Il donne passage à la seule route par laquelle des chameaux chargés peuvent brouter sur le Tassili, dans la région de Djanet. Ce défilé doit appartenir à la puissance à laquelle on attribut Djanet.
Si Djanet est aux Turcs, Assakao est la seule voie de Ghat à Djanet pour les animaux de bât et les méharistes. Si Djanet est française, Assakao est le seul passage des routes directes Djanet Tarat Polignac.

Le 24 Novembre sont réunis à Admer le groupe de l’Ahaggar, cinquante-cinq méharistes commandés par le lieutenant Sigonney, le groupe Ajjer, quatre-vingt méharistes. Une pièce de 80mm de montagne, le médecin Aide Major en personne est venu de Ahaggar, les Sahariens sont encadrés par les maréchaux des logis bannéres et Verner, les brigadiers Morel Deconclois, La Pierre le Canonnier Milaud. Le capitaine Charlet prend le commandement de l’ensemble.
Le 25, la colonie prend la direction de Djanet. ET notre situation, nous le Kel Djanet, c’est-à-dire le Ksorien, nous sommes comme une brebis placée entre deux chacals.
Le 26 au soir, elle campe dans l’oued Assakao, à 25km à l’ouest de l’oasis.
Le 27, le brigadier indigène et le méhariste Khadja Mohamed Ben Nacer devançant la colonie, entrent à Djanet en annonçant la paix.
La surprise des Ksouriens est grande. Ils font bon accueil aux héros d’armes et même se déclarent heureux de l’occupation française. La colonie s’avance. Le lieutenant Sigonney monte hisser le drapeau français sur Zaouia.
Le capitaine reçoit bientôt les notables. L’occupation a lieu suivant les instructions du gouvernement, sans violence et sans bruit.
La Zaouia de Djanet juchée sur son mamelon parait admirablement placée pour y loger la garnison.
On conserve à Djanet, l’organisation existante. Chacun de trois Ksour est administré par un Kebir. Les Kibard reconnus par l’autorité française sont :
Mouloud Ag Engakhi pour Zellouaz
Mokhtar Ag Mohamed pour El Mihan
El Hassen pour Ag Mohamed Adouk Kel

D’après DuBief
Djanet est occupée le 28 Novembre 1911 par le capitaine Charles
Le 3 Décembre, le camp est transféré dans le Zaouia Senoussia, appelé fort Charles
1912, les Français consolident leur occupation de Djanet, malgré certaines oppositions locales, notament celles du Kbir Adjahil, favorable aux Turcs Senoussia. El Hassen Ag Mohamed Doukkel est condamné et exécuté par le lieutenant Ardaillon et 10 Goum

En Janvier 1913, un rassemblement hostile aux Français se forme à Ghat sous l’influence d’Ingadazen. C’est l’année de Esseyen.
Le 8 Avril, le lieutenant Gardel occupe Esseyen à 45km au sud de Ghat (d’apèrs le commandant Garel) pour assurer la défense mobile de Djanet.
Les 10 et 11 Avril, il livre un combat glorieux contre le Mahalla de Sultan Amand. Au cours de cet engagement, le lieutenant Garel envoie un message au capitaine Charles. Si vous ne nous secourez pas immédiatement, nous sommes foutus. Tous les chameaux sont morts. Boubachba et Ali grièvement blessés, Islamen et Abidin tués. Nombreux blessés, belle conduite des hommes, 150 fusils tir rapide. Adieu.
Et du côté de El Moudjahidin, Ingadazen. Il est fanatique senousite, Ag Ahmed Driss, par tradition orale. Grièvement blessée, demi frère d’Ahmed tué, Barka Ag Klabou tué, Matekou Ag Ouik tué.


En 1914, quelques combats ont lieu entre les dissidents Senouassia et les Français, tel celui de l’oued M’Chird le 15 Juillet 1915 (d’après Dubief).
Kaimakam correspond au titre turc de sous préfet. Monteçaraf, à celui de préfet.
En 1916, c’est le soulèvement, la révolte, la rébellion contre les Français (Awetai wan Djanet).
Le 27 Février, la Mahalla senoussite commandée par Amoud et Abdesselem.
D’après Raymond Lacroze, le siège de Djanet est tenu par le cheik Abdesselem, un tripolitain qui avait acquis une solide réputation militaire en guerroyant contre les Italiens. Il reçut de la Senoussia, le commandement d’un Méhalla formé à Ghat au début des années 1916. Il avait comme adjoint, le sultan Amoud dont nous n’avions jamais pu obtenir la soumission et qui fut le véritable instigateur de la révolte. Le Senoussia avant trouvé en lui un chef politique, comme elle avait trouvé un chef militaire. Le siège et la prise de Djanet sont un des épisodes marquant de cette époque trouble. Pendant dix-huit jours, quarante et un Saharien, commandés par deux braves ; le maréchal Des Logis Lapierre et le brigadier Buc.


A Djanet, on dirait que tout dort et pourtant, dans les ruelles, dévalant en tout sens de la crête sur laquelle est bâti le village, passent des ombres. Elles se dirigent toutes vers une maison perchée sur un monticule. Un éclair brille sur un canon de fusil, des chuchotements étouffés courent de porte en porte, de ruelle en ruelle. Que se passe-t-il donc ce soir à Zellouaz ? Il y a là Ibrahim Ag Amatal, chef du village, Akhamouk Ag Jokari, marabout de la Senoussia, Aflam Ag Salem, militaire de la garnison du poste, Mia une fille du village d’Adjahil et quelques Touaregs. Entre le caid et Mia, un étranger du pays venu de Ghat. Il a vu de ses yeux le Malla de la grande Senoussia. A 3heures, un Goumia retardataire, pris de remords, prévient le chef de poste en disant que les dissidents sont dans le village avec Cheik et Amoud, ils m’ont proposé de passer avec eux. J’ai vu distribuer des armes à El Mihan et Zellouaz. Le 8 Mars, après une nuit pleine d’angoisse, le combat reprend vers 11heures. Un obus éclate. Après 10 jours, c’est la chute du fort Charles. Ce n’est plus maintenant qu’une question d’heures. La situation est désespérée. Les hommes ont atteint la limite de leur résistance.

D’après le père Foucault, le 12 Décembre 1916. Les circonstances de sa mort sont vite connues. Des Senoussistes conduits par Ebba Ag Rabelli arrivent à Tamanrasset, après avoir dévasté plusieurs villages alentour. Un cultivateur originaire Djanet ElMadani, bien connu du père Foucault, se fait ouvrir les portes du Bordj. Le père est saisi, ligoté et gardé par un jeune Kel Ajjer. Il se nomme Sermi Ag Tora. C’est lui qui va tuer le père Foucault. Six ans plus tard en 1922, Sermi est connu à Djanet et tué par Esseyen.


Siège de Djanet. La journé du 24 Mars passe, lente, atroce. La Pierre décide qu’une nouvelle tentative sera faite dans la nuit. Si elle échoue, la garnison hissera le drapeau blanc. Le 25 au matin, le drapeau qui flotte sur la tour de guet depuis dix-huit jours et dix-huit jours et dix-huit nuits est descendu. Le 1e Avril, le brigadier Buc et les blessés arrivent. Ils ont été cernés vers Didar et pris sans résistance, alors qu’ils tentaient, suivant l’ordre reçu, une retraite sur fort Polignac. Emmenés en captivité à Ghat, avec leurs hommes, La Pierre et Buc furent séparés d’eux et dirigés sur Kaufra, capitale Senoussia.
Buc meurt de privation. Seul survivant, La Pierre rentra en France en 1919, il reçut en récompense de son héroïque défense, la croix de la légion d’honneur.
Ainsi finit l’histoire de la petite garnison de fort Charles, Djanet.

1919, le 10 Novembre, à la suite d’une protestation Italienne et pour laisser en suspens la question des frontières. Celle-ci sera réglée par l’accord franco-italien.

Durant plusieurs mois , par les troupes de Kaoussen, et ne pourra être délivrée qu’après de multiples combats, la dissidence n’épargne pas le Hoggar, malgré la fidélité de Moussa Ag Amastur et la rébellion va s’étendre en 1916 et en 1917, jusqu’au tedikeb In Salah. Cependant, le général Lapirrine pourra faire sans incident, la tournée a Tombouctou, dont il est question dans le dernier chapitre. De Novembre 1917 à Avril 1918, Djanet reprend fort Charles, mais le quitte aussitôt comme avait fait le colonne Mynier et pendant deux années encore, Slutan Amand continuera les harcèlements sur les postes et les convois, jusqu’à l’attaque de fort Polignac en 1920. Pour en finir, une nouvelle colonne est formée par le commandant Sigonny et récupère fort Charles Djanet. En Juillet, une semaine plus tard, le Moudjahidin de Sultan Amand est défaite à Assakao en 1920 au Nord de Djanet.
Le combat d’Assakao est de Tafellalet en 1920 mirnet un terme à la lutte active. Boubaker Ag Elaguille DUT entamer en 1921 des pourparlers de la paix avec le commandement français. Boubaker restait finalement le maître de Ghat.
En 1924, création de l’annexe des Ajjers en juin, territoire français (d’après Gardel Jean Dubief)

Le Senoussisme ou Senoussia

Les Senoussia, parmi les influences qui agissent à Ghat, une des plus puissantes quoique née d’hier et d’essence religieuse. Elle émane de la Zaouice, d’une confrérie nouvelle de l’islam, celle des Senousite, dont le siège est dans le djebel el Khdar, le mont vert, à l’est de Banghazi. Sa doctrine commence alors en 1855à se répandre avec une rapidité déconcertante. Le grand maître de cet ordre, son créateur, est un Arabe algérien de la tribu des Beni Senoussia du sud ouest de Tlemcen.
Si Mohamed Ben Senoussi El Khettali, El Hassani, El Edrissi, El Medjahiri est né en 1792 à l’Hillil, près de Relizane et de Mostaganem. Après des études faites à Fès au Maroc, il a quitté la province d’Oran, déjà savant et pieux, pour accomplir en 1829, son voyage de dévotion à la Mecque. Revenu en Algérie à Boussâada, il prêcha déjà le panislamisme, et se proclame le mahdi.
La prise d’Alger par les Français le fait partir en Egypte. Il en est explusé parce qu’il répand une doctrine hostile au Sultan. Il revient à la Mecque, devient Khalifa du maître de la confrérie des Kadry, fonde et installe sa Zaouce, à Bou Kabis près de la Mecque en 1843.
Un tel dessein doit amener les Senoussia et ses successeurs, à être les mortels ennemis des Français, qui commencent à règner en maître sur de vrais croyants et vont peu à peu acquerir par leurs armes un immense empire musulman. La puissance occulte du Senoussisme doit coûter bien des vies françaises.
La révolution Senoussia en 1848, pour le affaiblissement et contre la domination française en Algérie. Mohamed Ben Abdellah, va soulever le sud. En 1855, le Senoussia attent Ghat.
Senoussi, dans le djebel El Akhdar se juge bientôt trop près de la civilisation des Turcs et du consul le Benghazi. Il crée une nouvelle Zaouia Djarboube en plein désert et une autre à Ouaour El Kebir.
En 1898-1899, Kel Djanet en pèlerinage à la Zaouia Senoussiste de Kaufra avaient reçu la misson de construire un Zaouia à Djanet. Le Moukkadam senoussiste Ouald Hadj Ahmed, frère du Kaimakam El Hecen que nous avons vu installé par les Turcs en 1886 à Kaufra, fut chargé d’exciter le zèle de kel Djanet pour mener à bien la construction de l’édifice. Ce personnage vint à Djanet.
Tous les Kel Djanet sont Senoussia.